Dans mon parcours d'artiste la démarche conceptuelle et artistique y avait une grande dimension, l'intention, la démarche y était très forte, me laissant par moment frustrée de ne pas utiliser parfois mes capacités sensibles s'exprimer plastiquement. Ma sensibilité était sollicité pour ressentir le monde que je traduisais en une intention. Ce décryptage sensible m'a aussi orienté vers un désir de beauté, ce qui m'a interrogé, car j'ai intégré l'histoire de l'art contemporain et ce dernier à l'aurore de notre époque a édifié la beauté en démarche réactionnaire, seul le poétique a encore un peu droit de cité. Que m'est-il arrivé ? Autour de moi beaucoup de crises sont évoquées étais-je à la recherche d'un peu de réconfort au travers de la beauté que l'homme est parfois capable de créer? Etait-ce un motif de ré-assurance.
Que nous est-il arrivé dans l'art contemporain? Les artistes sont très préoccupés par des questions sociétales, notamment par le climat et par notre passé colonial. Il est important d'étudier ces questions, mais un grand bouleversement a lieu. Là ou autrefois seuls les politiciens, les intellectuels et les artistes avaient une parole médiatisée, tout le monde au travers des réseaux sociaux peut trouver un écho à ses paroles.
Ainsi les dénonciations utiles à force de saturer nos espaces médiatiques deviennent en même temps de nouvelles morales, des lieux communs et parfois des idéologies à la limite de l'intolérance. Les artistes sont dépossédés de ce qui faisait leur force, le partage d'une pensée sur le monde.
Ainsi avec plus ou moins de profondeurs, les artistes sont voués à dénoncer ce q'une grande partie de la société dénonce aussi, ils se font les instruments de la redondance, traversent les mêmes sujets, au travers d' une parole devenue conformiste.
Pourquoi la beauté alors ? Est-elle capable de nous sortir de ce conformisme et qu'aurait-elle à apporter ? Dans un premier c'était intuitif mais j'avais cette intuition que l'art pourrait retrouver de sa légitimité en re-équilibrant la parole politique avec une dimension esthétique au sens cosmétique du terme. Re-équilibrer notre société crispée au travers de revendications hétérogènes en proposant aussi des possibilités de réconciliations communes qui passerait par l'esthétisme, dans un réconfort commun.
Dans un premier temps je voyais des réponses àces preoccupations dans le design sans en comprendre les tenants et les aboutissants et souhaitais faire des installations avec des meubles. Je cherchais des pistes pour mieux comprendre notre présent et par digressions j'en suis venue à me poser des questions sur l'histoire d'un parti politique dont je me suis sentie proche mais qui dans son évolution m'a paru figé et qui serait un épiphénomène de ce que je tente de cerner.
Je suis alors tombée sur le livre d'une philosophe sur l'histoire de ce parti qui traitait de questions qui je pensais aller me donner des réponses. J'ai acheté le livre, au bout de quelques pages je me suis rendue compte que c'était très technique et que ça n'allait pas aller à un dénouement ou vers une une réflexion créatrice, je me savais égarée.
Alors que j'étais à l'anniversaire d'un ami, Claire Parnet est venue à ma rencontre et m'a demandé sur quoi je travaillais, je lui ai fait par de mon égarement et je lui ai dit que j'avais intuitivement un attrait pour le mobilier et que je me demandais comment aller à la rencontre de la beauté sans être réactionnaire. Elle m'a répondu que c'était le projet des designer du Menphis et que je devrais aller voir de ce côté.
J'ai été surprise, je connaissais ce mouvement d'autant plus qu'il était revenu sur le devant de la scène ces dernières années mais je l'envisageais d'une façon si ludique que je ne l'avais jamais envisagé comme étant fondé sur un socle théorique. J'ai enquêté auprès du théoricien Andrea Branzi et j'ai été interpellé par son livre, Qu'est-ce que le Design ? Je me suis dit que je pourrais y comprendre mon intérêt pour le design. Dans l'introduction, il y avait tous les éléments de réponses mais j'écrirais à ce sujet plus tard car je dois préparer ma participation à un salon...A suivre...